Entretien avec David Greau, délégué général d’Enerplan, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire.
Comment se porte le marché résidentiel du solaire ?
Très bien ! En 2023, les professionnels du secteur ont réalisé 200 000 installations solaires photovoltaïques représentant 3,2 GW et portant ainsi à 436 000 le nombre d’installations existantes chez les particuliers. En 2024, les entreprises spécialisées devraient poser pour plus de 4 GW de panneaux photovoltaïques. Pour le solaire thermique, le marché a augmenté de 69 % l’an dernier.
Comment expliquez-vous ces très bons chiffres ?
Ils sont pour beaucoup liés à l’incertitude qui plane sur les prix de l’électricité pour les mois et les années à venir. Les gens sont inquiets et veulent pouvoir maîtriser leur budget. Une installation photovoltaïque mêlant autoconsommation et revente (98 % des cas), permet de couvrir 20 à 30 % des besoins d’un foyer.
Justement, est-il rentable d’investir dans une installation photovoltaïque ?
Oui, c’est rentable. L’électricité produite par une installation domestique revient à moins de 13 centimes d’euros le kWh. Et si on a payé son installation au prix du marché, le retour sur investissement se fait sur 5 à 10 ans, suivant les cas. Mais si le prix de l’électricité continue d’augmenter, l’amortissement se fera encore plus rapidement.
Et qu’en est-il pour le solaire thermique ?
C’est une solution également très intéressante, surtout lorsque l’on considère les systèmes solaires combinés (SSC) qui permettent à la fois d’assurer l’eau chaude et le chauffage, si la maison a un réseau de chauffage central.
Quelles sont les innovations qui arrivent sur le marché ?
On peut citer le développement des panneaux PVT. Il s’agit de panneaux hybrides, qui allient solaire photovoltaïque et solaire thermique. Cette technologie existe depuis une dizaine d’années, mais elle tend à se développer. On voit aussi des innovations de pose. De plus en plus de panneaux photovoltaïques sont posés sur des carports. Cela permet de ne pas toucher à la toiture.
Il y a aussi les systèmes plug & play. Il s’agit de panneaux à poser au sol par exemple et qui sont branchés en direct sur une prise et ainsi raccordés au réseau domestique avec autoconsommation de l’électricité produite. C’est intéressant pour les particuliers qui n’ont pas la main sur la toiture, lorsqu’ils sont locataires pas exemple. En plus ce n’est pas très cher et cette solution permet de démocratiser le solaire photovoltaïque.
A plus long terme, on peut également citer les batteries, pour le stockage de l’électricité produite. Mais il faut que les prix baissent pour que cela devienne intéressant.
Et si la voiture électrique accélérait le processus ?
Comme le constate David Greau, délégué général d’Enerplan, la voiture électrique commence à jouer un rôle dans la solarisation des toitures des particuliers. Un effet booster, mais pas seulement. « Bientôt, dans nos maisons, on aura des batteries domestiques sur quatre roues », explique David Greau. En se chargeant pendant les heures permettant de capter l’énergie solaire, les voitures électriques vont pouvoir emmagasiner de l’électricité pour ensuite la restituer plus tard en cas de besoin. « C’est par exemple la promesse de la future R5 que commercialisera prochainement Renault ».
Les aides
Les aides attribuées par l’Etat sous forme de prime pour l’installation de panneaux photovoltaïques évoluent chaque trimestre. Pour le premier trimestre de 2024, cette prime était de 1100 euros pour les installations d’une puissance inférieure ou égale à 3 kWc et pouvaient aller jusqu’à 10 000 euros pour les installations jusqu’à 100 kWc.
Une autre forme d’aide est aussi de pouvoir revendre l’électricité produite à GRDF dans le cadre du dispositif « guichet ouvert » au tarif de 13 centimes d’euro, pendant une durée de 20 ans, avec obligation pour l’opérateur de racheter l’électricité produite par les particuliers et réinjectée dans le réseau.
