L’architecte stéphanoise Marie Cartailler, de l’agence « Le Son Du Crayon », s’est penchée sur la conception d’une maison située sur la colline de la Vivaraize à Saint-Etienne. Un projet atypique et original aux fortes contraintes techniques. Nous avons rencontré l’architecte et les propriétaires afin de mieux comprendre les caractéristiques du projet.
La maison a été édifiée sur une parcelle de 620 m2 en lieu et place d’une vieille bâtisse des années 30 construite en machefer, un matériau que les futurs propriétaires souhaitaient conserver en partie pour faire « corps » avec l’histoire du bâti. Après une première étude de faisabilité, l’analyse de l’architecte fut sans appel sur cette possibilité de conservation ; en cause, le manque de fondation de la bâtisse et un affaissement de l’ensemble du bâtiment dans l’un de ses angles nécessitant des reprises en sous-œuvre trop onéreuses pour le couple, Dorothée et Jean-Bernard maitres d’ouvrage de l’opération. Ces derniers sur les conseils de Marie Cartailler ont décidé de faire table rase du passé pour imaginer un projet nouveau en optant pour la maison en ossature bois. Une spécialité de Marie Cartailler qui s’interroge toujours sur les motivations profondes de ses clients dans leurs souhaits de départ.
Une réflexion de fond
Pour l’architecte, les désirs doivent être subordonnés à une bonne réflexion de fond. « La maison bois est tendance certes, mais cela peut-être aussi un choix éco-responsable et écologique qui répond à la question de notre responsabilité dans l’acte de construire. Cela se traduit par exemple par la prise en compte de la provenance des matériaux ou de leur valeur écologique (bio-sourcés, bilan carbone…). Tendre vers une maison saine et éco-responsable n’est pas à la portée de tout le monde budgétairement mais il est possible de faire des choix partiaux qui vont vers cet objectif ».
Le projet a été conçu pour une famille avec deux enfants, dont un musicien, et dans un secteur résidentiel sur les hauteurs de Saint-Etienne que la famille affectionnait particulièrement pour avoir vécu de nombreuses années non loin de là.
Construite sur 2 niveaux, la maison de 156 m² s’organise autour de 3 chambres (2 à l’étage), d’une salle à manger/séjour séparée de la cuisine par une verrière en métal, d’une salle de bain au rez-de-chaussée et à l’étage, d’une grande buanderie attenante à la maison de 18 m² et d’un garage. La création d’un bureau au rez-de-chaussée, à destination de Jean Bernard qui travaille ponctuellement à la maison, a fait l’objet d’une attention particulière sur l’acoustique et sur son agencement pour qu’il puisse se transformer facilement en chambre d’amis ou chambre de plain pied avec accès par le rez-de-chaussée et le jardin. Le chauffage est assuré par une chaudière au gaz basse condensation qui alimente un plancher chauffant au rez-de-chaussée et des radiateurs à l’étage. Un poêle à bois a été installé par l’entreprise Atraconfort pour le côté convivial plus qu’utilitaire pour les longues soirées hivernales. L’espace salon s’ouvre largement sur une terrasse qui laisse deviner une piscine et un jardin encore en réflexion pour la plantation des végétaux.
Un accompagnement apprécié
Pour l’architecte les enjeux d’un bon accompagnement résident dans la prise en compte des souhaits de ses clients mais pas que; l’architecte a pour mission de conseiller le maitre d’ouvrage pour l’amener vers une qualité architecturale qui tienne compte des aspects techniques, administratifs et environnementaux multiples. « Sur ce projet il fallait intégrer les avis de l’architecte des bâtiments de France qui nous imposait une pluralité de matériaux en plus du bois en bardage sur les façades. Pour toute construction, un Plan Local d’Urbanisme nous donne les règles de la construction qui s’imposent sur le secteur comme la hauteur limite à ne pas dépasser ou le recul aux limites des propriétés voisines. De vraies contraintes qui me font dire aujourd’hui que le projet a été réalisé « au chausse-pied ». Une réflexion a été menée sur les aspects bioclimatiques, elle prend en compte les contraintes et les atouts de l’ensoleillement au cours de la journée et des saisons. Ainsi, l’étage est construit en débord pour protéger de l’apport de chaleur dans le salon largement vitré quand le soleil est au zénith. Le projet prévoit également la plantation d’arbres pour apporter un ombrage naturel ».
L’architecte a imaginé dans les chambres une ventilation naturelle pour les nuits d’été en favorisant les flux d’air entre des fenêtres simplement positionnées sur des façades distinctes, des techniques peu couteuses mais qui ont fait leur preuve selon l’architecte.
L’objectif était aussi de soigner l’étanchéité à l’air et de porter les performances thermiques au-dessus des normes en vigueur. Un soin tout particulier a été porté à la gestion des ponts thermiques, sources de multiples déperditions ainsi qu’à l’acoustique pour le plancher intermédiaire permettant au musicien de la famille de s’exprimer en toute liberté…
Une maison contemporaine
Le style imaginé est contemporain caractérisé par l’emploi d’un bardage bois à claire voie vertical en mélèze pour les façades et l’utilisation de zinc en couverture. L’ossature bois de la maison a été réalisée par l’entreprise Forez Bois Construction.
Les menuiseries extérieures, dont les larges baies installées dans le salon et orientées sud-ouest, ont été fabriquées par l’entreprise Gauthier; celles-ci offrent une belle vue panoramique sur le jardin.
Au rez-de-chaussée on retrouve un parquet en chêne et des murs chaleureux réalisés avec des peintures biologiques de qualité. Côté déco intérieur, l’occasion était donnée à Dorothée d’exprimer pleinement son art, elle qui en a fait son métier à travers la vente d’objets décoratifs éco-responsables.
Les heureux propriétaires ont apprécié l’écoute et l’accompagnement très professionnel de Marie Cartailler.
« Elle a fait preuve d’une grande pédagogie pour la prise de conscience des principaux enjeux de notre démarche qui ont permis d’éclairer nos choix. Le chantier a été rondement mené avec des artisans très compétents. Les fondations et la maçonnerie du premier niveau furent réalisées par l’entreprise Richard qui a su mettre en œuvre notamment un mur de rez-de-chaussée laissé brut à la finition parfaite. Il a su composer avec un mur en pierre existant, rendant harmonieux le mélange des matériaux. L’ensemble du second-œuvre a été réalisé par plusieurs entreprises adhérentes à la scop Cabestan, une coopérative d’entrepreneurs du bâtiment au fonctionnement responsable, durable et coopératif ».
Le son du crayon
Marie Cartailler
5 rue Javelin Pagnon,
42000 Saint-Etienne
06 72 48 11 26
m.cartailler@lesonducrayon.fr